1En Algérie, c’est avec Amekni que le Pennisetum entre dans le domaine alimentaire des populations Négroïdes du Néolithique saharo-soudanais, vers 8670 ± 150 BP, soit 8225-7492 cal BC (Camps 1968).
2La détermination de deux grains de pollens découverts à 1,40m de profondeur, fut établie sans ambiguïté, à partir de sédiments non contaminés, ni perturbés. Cette découverte et cette identification résultent de minutieux travaux de palynologie conduits par P. Guinet et D. Planque (1968, p.186-188). Dans la famille des Composées « la séparation entre Tubuliflores et Liguliflores a été faite : les Liguliflores dominent dans le niveau 1,40 m. La mise en évidence dans ce niveau de céréales (pennisetum) nous fait interpréter l’abondance de liguliflores (du type Launaea-Picris) comme pouvant indiquer un défrichement sur sol sableux ». L’analyse générale de 802 grains de pollens identifiés dans ce niveau souligne la rareté et l’exceptionnelle conservation de ces deux documents « ayant 64 μ diamètre, taille ne correspondant à aucune graminée saharienne...il s’agit d’un Pennisetum cultivé » (Guinet et Planque 1968, p. 188).
3Cette information reste à ce jour unique ; les présomptions en faveur d’une mise culture de cette graminée restent très vraisemblables, mais elles se transformèrent en « quasi-certitude » pour G. Camps, qui relia ce fait incontestable aux nombreuses cuvettes de broyage*, aménagées dans les croupes granitiques du site d’Amekni, ainsi qu’aux meules, molettes et autres récipients hémisphériques, à large ouverture, que contenaient tous les dépôts (Camps 1974, p. 226).
4Les recherches conduites en Libye dans l’Acacus saharien ont récemment livré de rares témoins botaniques de Sorghum et Pennisetum à Uan Tabu (Mercury 2001), à Ti-n-Torha Two caves et à Uan Muhuggiag* (Wasylikowa 1993), non encore reconnus comme formellement domestiques, mais qui ne contredisent pas du tout les autres résultats d’Amkeni.
5De nos jours, le rôle majeur que joue le mil dans l’alimentation (à l’état cru ou cuit en bouillies ou galettes, etc.) d’un très grand nombre d’individus en Afrique et dans l’Ahaggar* en particulier (Gast et Adrian 1965) devrait inciter les chercheurs à poursuivre en Algérie l’enquête sur les origines et la diffusion de cette ressource naturelle, autochtone.