1Une statio de ce nom est mentionnée à trois reprises par l’Itinéraire d’Antonin (Itin. Ant., 53,3 ;54,3 ;55,1= éd. O. Cuntz, p. 7 et 8) : on y relève des indications chiffrées assez précises : 36 milles entre Masclianae et Sufetula, 18 milles entre Masclianae et Aquae regiae.
2L’identification de Masclianae avec le site antique de Hajeb el-Aioun, entre Kairouan et Sbeitla en Tunisie centrale, a été longtemps tenue pour une quasi-certitude par de nombreux érudits (notamment P. Salama, N. Duval, S. Lancel...). Il s’agissait d’une localisation fondée sur les distances routières et la reconnaissance du terrain dans le secteur de Hajeb el-Aioun où des vestiges de voies antiques (chaussée et bornes milliaires : Xe et XIe milles) avaient été repérées (C. Tissot, Géographie comparée de la province romaine d’Afrique, II, 1888, p. 612 ; J. Barbierie et J. P. Delhoume, dans Antiquités Africaines, 18, 1982, p. p. 27-43).
3En fait, une découverte épigraphique récente a montré que cette localisation traditionnelle de la station routière de Masclianae était plutôt approximative.
4Deux inscriptions latines, récemment découvertes, révèlent l’origine et le statut juridique de la statio de Masclianae sous le Haut-Empire et permettent de la localiser, de manière précise et définitive, au sein d’une importante région domaniale.
5Le premier document, datable de la fin du second siècle apr. J.-C., est une dédicace à la « sainte déesse conservatrix du génie de Masclianae », à l’occasion de la restauration de son temple par les soins de M. Aurelius Ianuarius, affranchi des Augustes, procurateur de Masclianus. Trouvée à quatre kilomètres à l’ouest de Hajeb el-Aioun, cette inscription permet de fixer à Henchir sidi Abdelkader, la localité de Masclianae qui était au début du IIIe siècle un domaine impérial. Le toponyme latin atteste qu’elle avait été auparavant, le domaine privé d’une gens Mascliana originaire, semble-t-il, de Praeneste en Italie.
6Une seconde inscription, trouvée à Henchir Ghouiba, à deux kilomètres de la précédente, permet d’identifier et de localiser, au voisinage de Masclianae, un autre grand domaine, celui de uilla Mercuriana. Elle mentionne un fermier (conductor) de statut pérégrin qui intervient aussi dans une seconde uilla que le texte incomplet ne permet pas de connaître. Située au cœur de l’antique tractus Byzacenus, la région domaniale de Masclianis fera partie, au Moyen Âge, du pays appelé al-Muzaq par les sources arabes.
7Masclianae avait des évêques sous le Bas-Empire, entre la fin du IIIe et la fin du Ve siècle (cf. S. Lancel, Actes de la Conférence de Carthage en 411, IV, 1991, p. 1417 ; P. Mesnage, L’Afrique chrétienne. Evêchés et ruines antiques, Paris, 1912, p. 76), mais on ignore encore si elle a pu accéder ou non au statut de cité.